Le mardi 4 novembre 2018, la classe de quatrième a fait une sortie au Petit Trianon à Versailles. Elle retrace cette découverte de la vie de la Cour de Louis XV à Louis XVI, et surtout de la particularité du règne de la Reine Marie-Antoinette.
Arrivées à Versailles, après avoir pique-niqué dans le froid mais au soleil, nous avons débuté la visite avec la façade du Petit Trianon. Une fois à l’intérieur, nous avons pu visiter les pièces principales où la Reine Marie-Antoinette vivait quand elle souhaitait s’échapper de Versailles.
Le Petit Trianon a été construit par l’architecte Ange-Jacques Gabriel. Il est inauguré en 1769 par Madame du Barry, favorite de Louis XV. Le Trianon est ensuite offert à Marie-Antoinette comme un « bouquet » de la part de Louis XVI, en 1774.
Trop jeune pour régner
Cette maison à taille humaine par rapport au château nous en apprend beaucoup sur Marie-Antoinette. La jeune fille autrichienne, n’ayant pas été préparée à son rôle par sa mère Marie-Thérèse d’Autriche, passe son temps dans les jeux et parvient même à s’amuser avec ses précepteurs. De ce fait, elle ne s’instruit pas et n’est pas armée pour devenir Reine de France. Elle sera donc une reine immature, maladroite et frivole. Mariée à 14 ans (l’âge d’une élève de quatrième !) au jeune roi Louis XVI qui en avait 15, elle n’est pas prête à avoir des enfants car elle en plus d’être inquiète et prude, elle est très jeune et ne compte pas renoncer à ses loisirs, entre autres la danse et l’équitation. Néanmoins elle finira par mettre au monde quatre enfants qu’elle éduquera bien. Lisons ici un extrait de l’admonestation de son frère Joseph II en mai 1777 qui l’enjoint à être aimable avec son époux : « Vous rendez-vous nécessaire à lui ; le persuadez-vous que personne ne l’aime plus sincèrement (…) Mettez-vous du liant, du tendre quand vous êtes avec lui ? »
Se divertir pour échapper au protocole
En effet, Marie-Antoinette peine à être une bonne épouse, car elle aime surtout s’amuser. Elle a un goût particulier pour le théâtre et en fait construire un à côté du Trianon, où elle joue parfois de petits rôles, ce qui est jugé indigne de sa tâche royale. La Reine se fait également construire un petit village très pittoresque par l’architecte Richard Mique, pour jouer à la fermière. M. Mique réalise également pour sa reine un jardin anglo-chinois où se promène la jeune femme. Ce désir d’échapper à la cour et de simuler une vie simple est très mal perçu, mais mettons-nous à la place de cette jeune femme éloignée de son pays et mal préparée à son métier de reine : il est évident qu’elle a besoin d’un peu de solitude. D’autant plus que le protocole français est beaucoup plus strict que celui de Vienne : la Reine ne doit jamais être seule.
L’influence de Marie-Thérèse d’Autriche
Il est important de préciser que si sa mère Marie-Thérèse d’Autriche a peu aidé sa fille à s’instruire, elle l’a également beaucoup desservie dans son rôle de reine car, bien loin de l’attacher au Roi et à la France, elle ne cessait de lui écrire des lettres la poussant à rester « une bonne Allemande » et à soumettre le Roi au lieu de se mettre à son service : « N’adoptez pas la légèreté française (…) Ne vous laissez aller à aucune nonchalance sur votre figure, ni sur les représentations ;(…) ne suivez ni l’exemple, ni les conseils de la famille ; c’est à vous de donner à Versailles le ton. ». Heureusement son frère Joseph II agit pour tirer Marie Antoinette d’une si mauvaise influence : « Modérez-vous votre gloriole de briller à ses dépens, d’être affable quand il ne l’est pas, de paraître s’occuper d’objets qu’il néglige, enfin, de vouloir n’avoir de réputation qu’à ses dépens ? »
En définitive la vie de cette reine qui défraya la chronique est très malheureuse : étouffée par une mère possessive, peu préparée à son rôle de reine et en conséquence assez indifférente à son pays d’accueil et à son roi, elle finit par mûrir brutalement avec la perte de deux de ses enfants puis l’irruption de la Révolution, contre laquelle elle a tenté de résister. Voulant sauver sa famille et la France, il est avéré qu’elle a fait passer des informations sur l’armée française révolutionnaire aux Autrichiens. Elle sera arrêtée et condamnée pour cela, sans preuves.
Une fin tragique et digne
Ses dernières heures sont dramatiques. Chargée comme un bestiau sur une charrette, attachée par une corde, dos à la route, ce qui est un signe d’infamie, elle est huée et insultée par une foule payée pour cela. Montant à l’échafaud, elle marche sur le pied du bourreau à qui elle dit avec élégance : « Je vous demande pardon, Monsieur ». Ce sont ses derniers mots. La femme légère et frivole meurt dans une grande dignité, en vraie reine, et en chrétienne. « Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine (…) Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’aurais pu commettre depuis que j’existe. J’espère que dans Sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps, pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans Sa miséricorde et Sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais (…) Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. » (extrait de la lettre de Marie-Antoinette à madame Elisabeth, sœur de Louis XVI, le 16 octobre 1793 à 4h30 du matin)
Cette sortie fut vraiment enrichissante. Découvrir les lieux de vie d’une reine aussi originale que Marie-Antoinette nous a beaucoup appris sur les difficultés de tenir un rôle aussi difficile que celui de reine.
Nous remercions Mme de La Moissonnière, Mme Collin et Mme de Mandat Grancey notre conférencière.
Maria-Amelia, aidée de Mme de La Moissonnière