Cette année encore, sur l’invitation des classes de 3ème, Alice Ferney est venue au collège parler de son travail d’écrivain. Elle nous a fait l’honneur de passer toute une matinée avec nous -difficile à synthétiser en quelques lignes. Voici à grands traits ce que nous avons retenu :
Pour écrire, il faut lire, lire, lire les classiques qui sont nos maîtres (grand sourire de notre professeur de français)
Pour lire il faut lâcher son téléphone (soyons francs, ça c’est le professeur déjà évoqué qui l’a ajouté !)
On ne s’improvise pas écrivain. Le goût de l’écriture est certes capital mais il faut être persévérant et travailler d’arrache-pied. Nous apprenons ainsi qu’Alice Ferney passe environ un an à se documenter sur un thème (par exemple les chiens-soldats de Dans la Guerre ou les chasseurs de baleines du Règne du Vivant) avant d’écrire. Ensuite elle s’attable environ huit heures par jour…
A la question de ses sujets préférés Alice Ferney répond qu’elle aime le couple et la famille, sur lesquels elle a fait son doctorat, et que par conséquent elle y revient toujours. Elle s’inspire notamment de sa propre famille dans L’Elégance des veuves et Les Bourgeois. Elle prend parfois parti dans des sujets d’actualité, comme dans Intimité. Mais elle est avide de tout thème nouveau et s’est ainsi lancée dans la description d’une communauté de tziganes avec Grâce et dénuement, dans l’étude d’un fait réel historique avec Passé sous silence, dans la transcription d’un film (Chaînes conjugales de Mankievicz) avec Paradis conjugal. Tiens, ajoute-t-elle, pourquoi ne pas écrire sur un collège de jeunes filles ?
Nous avons pu de fait constater la richesse des sujets abordés et l’immense culture de cet auteur. A sa lecture nous avons été également frappées de son style très particulier. Les dialogues se trouvent insérés dans le corps du récit sans passer par les marques du discours direct. On remarque beaucoup de parenthèses alors que l’usage veut qu’on en mette le moins possible. Certains paragraphes font plusieurs pages. N’allez pas croire que ce sont des fautes de style, bien au contraire. Chaque page est relue au moins dix fois, nous dit l’écrivain (sueurs froides chez les élèves…), chaque mot est choisi, pesé, afin de rendre méticuleusement l’idée que veut exprimer l’auteur.
Lorsqu’elle nous demande qui écrit, plusieurs mains se lèvent. D’aucune d’avouer qu’elle commence un roman tous les vendredis soirs et qu’elle l’abandonne le dimanche. Normal, nous rassure la femme de lettres. C’est comme cela qu’on se lance. Mais un jour, peut-être à la faveur des vacances, il faudra écrire un texte entier, pas forcément de trois cents pages, mais un récit complet. Et ensuite, ne plus jamais s’arrêter.
Ecrivez-vous tous les jours ? Bien sûr, c’est vital ! Quand arrêterez-vous ? A ma mort !
Que Dieu, pour notre bonheur, prête longue vie à Alice Ferney !
Les élèves de troisième